Les deux versets du hijab (1/2)
Dans l'article consacré au terme "hijab" dans le Coran, nous avons pu voir que ce dernier n'a jamais porté le sens de couvre-chef. La question qui se pose donc, sur quels versets les théologiens sunnites se basent-ils, pour affirmer que couvrir les cheveux des femmes est un commandement divin ?
En réalité, ils se basent sur deux versets:
- Verset 59 de la sourate 33 les coalitions (al-Ahzab).
- Verset 31 de la sourate 24 la lumière (an-Nour).
Dans cet article, nous allons étudier les exégèses du premier, verset 59 de la sourate 33.
Sourate 33 les coalitions (al-Ahzab) - verset 59
سورة الأحزاب 33 - آية 59
يَا أَيُّهَا النَّبِيُّ قُل لِّأَزْوَاجِكَ وَبَنَاتِكَ وَنِسَاء الْمُؤْمِنِينَ يُدْنِينَ عَلَيْهِنَّ مِن جَلابِيبِهِنَّ ذَلِكَ أَدْنَى أَن يُعْرَفْنَ فَلا يُؤْذَيْنَ وَكَانَ اللَّهُ غَفُورًا رَّحِيمًا
Le terme arabe exact utilisé dans ce verset est "jalabîb" جلابيب qui est le pluriel du mot jilbâb. Il pourrait être défini comme un long vêtement ample.
Dans certaines traductions le mot "jilbab" est traduit par le terme voile. Le professeur Sami Aldeeb, dans sa traduction du Coran par ordre chronologique, a utilisé le terme "mantes" dont la définition est : Vêtement de femme, ample et sans manches, qui se porte par-dessus les autres vêtements. L'anthropologue et philosophe Malek Chebel quant à lui, il a utilisé le terme "voilette" : Morceau de voile de tulle posé au bord d'un chapeau et recouvrant le visage en partie ou en totalité.
À partir de ce verset, il est difficile de faire le lien avec le voile tel que nous le connaissons aujourd'hui. Le texte coranique reste un texte abstrait et élastique que chacun d'entre nous peu lui donner un sens différent. Dans cet article je me penche sur les sources de la théologie sunnite pour comprendre leur interprétation.
Les exégèses
Les plus anciens livres de tafsir (exégèses) ont vu le jour durant l'épopée du califat Abbasside (750 - 1258). Ils viennent "compléter" les versets coraniques en leur donnant un contexte de révélation et des explications qui donne lieu éventuellement à une législation (Charia).
La synthèse qui suit, est basée sur les interprétations de six exégètes parmi les plus réputés du monde sunnite (traduction fournie en fin d'article) :
- At-Tabari (839 - 923)
- At-Tabarani (873 - 970)
- Al-Zamakhchari (1075 - 1144)
- Ar-Râzî (1150 - 1210)
- Al-Qurtubi (1214 -1273)
- Ibn Kathir (1301 - 1373)
Contexte social / Problème :
Toutes les interprétations font référence à des évènements ayant eux lieu à Médine. C'est à dire après que les musulmans aient migré de la Mecques pour s'établir dans le fief de l'islam (613).
D'après ces exégèses, ce verset vient adresser un problème en particulier. En effet, les femmes avaient l'habitude de sortir la nuit aux alentours de la ville pour faire leurs besoins. Et certains hommes, tantôt qualifiés de hypocrites, tantôt de pervers, profitaient de ce moment pour les convoiter et les molester.
Certaines interprétations (comme celles de at-Tabari ou ar-Razi) parlent de drague, tandis que d'autres parlent d'agression; mais l'idée générale reste la même : des hommes profitant du soir pour aller "aborder" les femmes qui sortaient faire leurs besoins en espérant avoir des rapports sexuels avec elles.
Les victimes, probablement les Mecquoises qui venaient d'arriver à Médine, auraient fini par se plaindre auprès du Prophète de cette situation.
On apprend également à partir de ces exégèses que les agressions contre les femmes esclaves étaient admises au sein de cette société. Par contre celles contres les femmes libres, non. Lorqu'on faisaient des reproches à ces hommes agresseurs, ces derniers avançaient comme excuse une confusion, prenant une femme libre de condition pour une esclave...
Solution:
Selon les exégèses, la solution proposait par le Coran face aux agressions que subissaient les femmes quand elles allaient faire leurs besoins, est d'adopter un style vestimentaire qui les distinguerait des femmes esclaves.
Ce style vestimentaire devant servir de marqueur social pour les femmes libres consisterait à cacher le visage, soit jusqu'aux sourcils, soit complètement en ne laissant apparaitre qu'un seul oeuil.
L'idée sous-jacente est qu'en dissimulant le visage des femmes libres, à la fois les hommes auraient moins envie d'elles car ne voyant par leurs visages et de deux, elles seraient catégorisées comme femmes libres et donc "A ne pas toucher" donc.
Commentaire:
Il est intéressant de constater que l'origine du "voile" selon ces exégèses n'est aucunement spirituelle. Il est censé servir de marqueur social pour distinguer l'esclave de la femme libre et ainsi espérer stopper les agressions contre les femmes libre.
Ainsi ces interprétations, nous font comprendre que Dieu n'aurait aucun problème avec les agressions contre les femmes esclaves. Dieu n'aurait également aucun message pour les agresseurs non plus, puisqu'ils sont dans leur "droit" de molester les femmes esclaves. Le fond du problème serait donc, l'incapacité des hommes à distinguer la nuit, entre les femmes libres de condition, et les esclaves.
Ces interprétations soulèvent certaines interrogations notamment sur la nature de Dieu:
- Dieu aurait-il la même mentalité esclavagiste que les hommes qui ont écrit ces exégèses deux siècles après la révélation ?
- Pourquoi Dieu n'a-t-il rien fait pour protéger la femme esclave ?
- A-a-t-elle moins de valeur à ses yeux ou serait-elle considéré comme une marchandise ?
- Pourquoi Dieu n'a-t-il pas privilégié de réprimander les agresseurs plutôt que de demander à certaines victimes de se voiler complètement ?
Le deuxième point intrigant dans ces interprétations est que l'histoire des hommes qui guettaient les femmes la nuit lorsqu'elle sortaient faire leurs besoin, fait écho aux éxégèses de Tabari du verset 53 de la même sourate al-Ahzab. Dans ces exégèses Aïcha, épouse du Prophète, rapporte que Omar Ibn al-Khattab avait demandé au Prophète de voiler ses épouses mais en vain, jusqu'à ce qu'il "interpèle" Sawda, épouse du Muhammad, la nuit quand elle faisait ses besoins justement...
Ce récit est très troublant et soulève également certaines questions:
- Que faisait Omar, compagnon du Prophète, à l'endroit où les femmes avaient l'habitude de faire leurs besoins ?
- Faisait-il partie des impies qui guettaient les femmes la nuit pour convoiter des rapports sexuels ?
- S'il était sur place, pourquoi n'a-t-il pas demandé aux hommes d'arrêter de molester les femmes ?
- Pourquoi a-t-il demandé au Prophète de voiler ses épouses, au lieu de demander de réprimander les agresseurs ?
- Pourquoi a-t-il interpellé l'épouse de Muhammad, en espérant que ce dernier allait ordonner de voile ?
On apprend également des récits des exégètes ci-dessous, qu’Omar Ibn al-Khattab, ne s'est pas contenté de demander le voile pour les femmes, mais il veillait également à ce que les esclaves ne le portent pas. Il n'hésitait pas à frapper avec son bâton, toute esclave qui avait le malheur de se voiler !
Tout d'abord, essayons de comprendre quelle serait la raison qui pousserait une esclave à vouloir se voiler comme une femme libre de condition ? L'explication la plus rationnelle, est que dans cette société esclavagiste où il est admis de molester (voir violer) les esclaves, le seul moyen, pour ces dernières pour y échapper, est d'adopter ce code social qui est censé éloigner les convoitises.
Par conséquent, pourquoi Omar Ibn al-Khattab avait-il cette obsession de les empêcher de se protéger ainsi ? Ceci n'est-il pas un moyen de ménager la chèvre et le chou : préserver le "droit" des hommes musulmans à trousser les esclaves, et protéger leurs épouses de ces mêmes convoitises ?
Les récits des exégètes des versets 53 et 59 nous font comprendre donc, qu'Omar Ibn al-Khattab :
- Est soucieux de voiler les femmes musulmanes (libres)
- Est soucieux d'empêcher les femmes esclaves de se voiler au point de les frapper avec son bâton
- Se demandait qu'est-ce qui empêcherait une femme musulmane, de se voiler totalement à ne pas être reconnaissable, lorsqu'elle sort pour ses vacations (récit de Qurtubi )
- A eu l'idée de voiler les femmes bien avant le Coran, et l'a demandé au Prophète
- Sa demande n'avait jamais aboutie, jusqu'à ce qu'il interpèle l'épouse de Prophète, Sawda, lorsqu'elle faisait ses besoins
Ces récits laissent à penser que les mesures coercitives qui touchent aux musulmanes, seraient la volonté d'Omar Ibn al-Khattab...
En résumé, le narratif de la théologie Abbasside, voudrait nous faire croire que toutes ces interprétations sont que le reflet de la volonté divine. Mais en y réfléchissant un instant, est-il concevable que face au problème décrit ci-dessus, Dieu le Sage, aurait conclu après mûre réflexion que la solution serait de :
- Séparer les femmes en deux clans : libres et esclaves
- Forcer les femmes libres à se couvrir totalement, pour être identifiées comme libres de condition et donc, "intouchables".
- Interdire aux esclaves de se voiler également, même si cela aurait pu les protéger contre les agressions selon cette même idéologie.
- Tolérer les agressions contre les esclaves
- Ne pas blâmer les agresseurs
Est-ce vraiment le reflet d'une sagesse divine qui serait valable pour toute époque ? Ou bien le reflet des fantasmes des théologiens esclavagistes du 9ème, 10ème et 11ème siècles ?
Après tout, par quel miracle ces exégètes nées au moins deux siècles après la révélation, sauraient ce que Dieu voulait dire vraiment ?!
Liste des tafsirs:
Tafsir at-Tabari (839 - 923)
Les exégètes ont divergé concernant l'interprétation de l'ordre de rabattre le jilbâb. Certains d'entre eux dirent : qu'elles se couvrent le visage et la tête, de sorte qu'elles ne montrent qu'un seul œil.
D'après Qatada:
"Ô Prophète! Dis à tes épouses, ..., de rabattre sur elles leurs jilbab" : Dieu leur ordonna, si elles sortent, de se voiler jusqu'aux sourcils. "Cela est le moindre... Elles ne subiront pas de mal" : si la femme esclave passait par eux (les pervers), ils la maltraitaient, alors Dieu interdit aux femmes libres d'imiter les esclaves (dans la manière de s'habiller).
D'après Moujahid:
"De rabattre sur elles leurs jilbab... Elles ne subiront pas de mal" : Qu'elles portent le jilbab, pour qu'on sache qu'elles sont des femmes libres, et aucune personne immorale ne leur fasse du mal avec des mots ou des soupçons.
D'après Abu Salih:
Quand le Prophète arriva à Médine, ces épouses et d'autres sortaient la nuit aux alentours pour satisfaire leur besoin. Des hommes les guettaient pour les draguer. Alors Dieu révéla "Ô Prophète! Dis à tes épouses, ..., de rabattre sur elles leurs jilbab" pour qu'elles se voilent avec le jilbab et ainsi distinguer les femmes libres des esclaves.
Dieu dit : "cela est le moindre pour qu'elles soient reconnues et ainsi ne subissent pas de mal". Qu'elles rabattent leurs jilbab, en faisant ainsi, elles seront identifiées, auprès des hommes par qui elles passent, qu'elles ne sont pas des esclaves, ainsi ils s'abstiendront de les blesser avec un mot haineux, ou des suspicions.
تفسير الطبري
يقول تعالـى ذكره لنبـيه مـحمد صلى الله عليه وسلم: يا أيها النبـيّ قل لأزواجك وبناتك ونساء الـمؤمنـين، لا يتشبهن بـالإماء فـي لبـاسهنّ إذا هن خرجن من بـيوتهنّ لـحاجتهنّ، فكشفن شعورهنّ ووجوههنّ، ولكن لـيدنـين علـيهنّ من جلابـيبهنّ، لئلا يعرض لهنّ فـاسق، إذا علـم أنهنّ حرائر بأذى من قول.
ثم اختلف أهل التأويـل فـي صفة الإدناء الذي أمرهنّ الله به، فقال بعضهم: هو أن يغطين وجوههنّ ورؤوسهنّ، فلا يبدين منهنّ إلا عيناً واحدة.
حدثنا بشر، قال: ثنا يزيد، قال: ثنا سعيد، عن قتادة، قوله: { يا أيُّها النَّبِـيُّ قُلْ لأَزْوَاجِكَ وَبَناتِكَ وَنِساءِ الـمُؤْمِنِـينَ } أخذ الله علـيهنّ إذا خرجن أن يقنعن علـى الـحواجب { ذلكَ أدْنَى أنْ يُعْرَفْنَ فَلا يُؤْذَيْنَ } وقد كانت الـمـملوكة إذا مرّت تناولوها بـالإيذاء، فنهى الله الـحرائر أن يتشبهن بـالإماء.
حدثنـي مـحمد بن عمرو، قال: ثنا أبو عاصم، قال: ثنا عيسى وحدثنـي الـحارث، قال: ثنا الـحسن، قال: ثنا ورقاء، جميعاً عن ابن أبـي نـجيح، عن مـجاهد، قوله: { يُدْنِـينَ عَلَـيْهِنَّ مِنْ جَلابِـيبِهِنَّ } يتـجلببن فـيُعلـم أنهنّ حوائر فلا يعرض لهنّ فـاسق بأذى من قول ولا ريبة
حدثنا ابن حميد، قال: ثنا حكام، عن عنبسة، عمن حدثه، عن أبـي صالـح، قال: قدم النبـيّ صلى الله عليه وسلم الـمدينة علـى غير منزل، فكان نساء النبـيّ صلى الله عليه وسلم وغيرهنّ إذا كان اللـيـل خرجن يقضين حوائجهنّ، وكان رجال يجلسون علـى الطريق للغزل، فأنزل الله: { يا أيُّها النَّبِـيُّ قُلْ لأَزْوَاجِكَ وَبَناتِكَ وَنِساءِ الـمُؤْمِنِـينَ يُدْنِـينَ عَلَـيْهِنَّ مِنْ جَلابِـيبِهِنَّ } يقنعن بـالـجلبـاب حتـى تعرف الأمة من الـحرّة.
وقوله: { ذلكَ أدْنَى أنْ يُعْرَفْنَ فَلأ يُؤْذَيْنَ } يقول تعالـى ذكره: إدناؤهنّ جلابـيبهنّ إذا أدنـينها علـيهنّ أقرب وأحرى أن يعرفن مـمن مررن به، ويعلـموا أنهنّ لسن بـاماء، فـيتنكَّبوا عن أذاهنّ بقول مكروه، أو تعرّض بريبة
Tafsir at-Tabarani (873 - 970)
Les exégètes ont dit : Elles se couvrent la tête et le visage à l'exception d'un œil. La signification apparente du verset, exige qu'on leur ordonne de se couvrir complètement lorsqu'elles sortent, de sorte ne laissent apparaître que le nécessaire pour connaître la route.
Et le Tout-Puissant a dit : "Cela est le moindre pour qu'elles soient reconnues et ainsi ne subiront pas de mal", ce qui signifie :Cela est le minimum pour distinguer une femme libre d'une esclave, et ne pas nuire à la femme libre ;
Parce que les gens à cette époque plaisantaient avec les esclaves et non avec les femmes libres, et que les hypocrites plaisantaient avec les femmes libres, ils disaient : Nous pensions qu'elles étaient esclaves...
Alors Dieu ordonna aux femmes libres de se couvrir de ce type de voile, pour faire face aux excuses de ces hypocrites.
On rapporte qu'Omar (Ibn al-Khattab) : Il avait l'habitude de battre les femmes esclaves et de dire : Découvrez vos têtes et n'imitez pas les femmes libres. Une esclave d'Omar, est passée voilant sa tête, Il le souleva avec son bâton et dit : Tu t'apparentes aux femmes libres ? ! Enlève ce voile !
تفسير الطبراني
قَوْلُهُ تَعَالَى: { يٰأَيُّهَا ٱلنَّبِيُّ قُل لأَزْوَاجِكَ وَبَنَاتِكَ وَنِسَآءِ ٱلْمُؤْمِنِينَ يُدْنِينَ عَلَيْهِنَّ مِن جَلاَبِيبِهِنَّ } ، أي قُل لنسائك وبناتِكَ والحرائرِ من النساء يُلقِينَ على رُؤوسهن ووجوههنَّ من جلابيبهن، والجلبابُ: هو المقنعةُ التي تسترُ بها المرأة ما يَظْهَرُ من العنُق والصدر، وهي الملاءةُ التي تشتمل بها المرأةُ
قال المفسِّرون: يُغطِّين رؤُوسَهن ووجوههن إلا عَيناً واحدة. وظاهرُ الآية يقتضي أنْ يكُنَّ مأمورات بالسَّتر التام عند الخروجِ إلى الطُّرق، فعليهن أن يَستَتِرْنَ إلا بمقدار ما يعرفنَ به الطريق
وقولهُ تعالى: { ذٰلِكَ أَدْنَىٰ أَن يُعْرَفْنَ فَلاَ يُؤْذَيْنَ وَكَانَ ٱللَّهُ غَفُوراً رَّحِيماً } ، معناه: ذلك أقربُ أنْ يعرِفن الحرائرَ من الإماءِ فلا يؤذِي الحرائر؛ لأن الناسَ كانوا يومئذٍ يُمازحون الإماءَ ولا يمازحون الحرائرَ، وكان المنافقون يمازحون الحرائرَ، فإذا قيلَ لهم في ذلك، قالوا: حسِبنا أنَّهن إماءٌ. فأمرَ اللهُ الحرائرَ بهذا النوعِ من السَّتر قطعاً لأعذار المنافقين
وعن عُمر رضي الله عنه: أنَّهُ كَانَ يَضْرِبُ الإمَاءَ وَيَقُولُ: (اكْشِفْنَ رُؤُوسَكُنَّ وَلاَ تتَشَبَّهْنَ بالْحَرَائِرِ). ومرَّت جاريةٌ بعُمر رضي الله عنه متقنِّعة، فعَلاَها بالدرَّة وقال: (يَا لُكَاعُ، أتَتَشَبَّهِينَ بالْحَرَائِرِ، ألْقِي الْقِنَاعَ
Tafsir Al-Zamakhchari (1075 - 1144)
Et le sens de "rabattre leurs jilbabs sur elles" signifie les desserrer et couvrir avec leurs visages et leurs cous. Les femmes étaient au début de l'islam, de même qu'à l'ère préislamique, vulgaires, et sortaient dans une robe et un Khimar séparant entre la femme libre et la femme esclave, et les garçons les guettaient la nuit quand elles allaient faire leurs besoins du côté des palmiers et des buissons, et s'attaquaient aux esclaves. Et parfois, s'attaquaient également aux femmes libres en prétendant qu'ils les ont prises pour des esclaves. Il leur a été ordonné de se différencier dans leurs vêtements des esclaves, en se couvrant la tête et le visage, afin qu'elles soient modestes, et qu'aucun homme ne les convoite.
تفسير الزمخشري
الجلباب ثوب واسع أوسع من الخمار ودون الرداء تلويه المرأة على رأسها وتبقى منه ما ترسله على صدرها. وعن ابن عباس رضي الله عنهما الرداء الذي يستر من فوق إلى أسفل. وقيل الملحفة وكل ما يستتر به من كساء
أو غيره
ومعنى { يُدْنِينَ عَلَيْهِنَّ مِن جَلَـٰبِيبِهِنَّ } يرخينها عليهنّ، ويغطين بها وجوههنّ وأعطافهنّ. يقال إذا زل الثوب عن وجه المرأة أدنى ثوبك على وجهك، وذلك أن النساء كنّ في أول الإسلام على هجيراهنّ في الجاهلية متبذلات، تبرز المرأة في درع وخمار فصل بين الحرّة والأمة، وكان الفتيان وأهل الشطارة يتعرّضون إذا خرجن بالليل إلى مقاضي حوائجهنّ من النخيل والغيطان للإماء، وربما تعرّضوا للحرّة بعلة الأمة، يقولون حسبناها أمة، فأمرن أن يخالفن بزيهنّ عن زي الأماء بلبس الأردية والملاحف وستر الرؤوس والوجوه، ليحتشمن ويهين فلا يطمع فيهن طامع
Tafsir ar-Râzî (1150 - 1210)
"Cela est le moindre pour qu'elles soient reconnues et ainsi ne subiront pas de mal" : Il s'est dit, qu'ils sachent qu'elles sont des femmes libres, et donc ils ne les suivent pas (les hommes), et on pourrait dire qu'ils sachent qu'elles ne commettent pas d'adultère, car celle qui couvre son visage même s'il n'est pas un commandement, n'espère pas qu'elle révèle sa nudité, ils sauront donc qu'il n'est pas possible d'espérer l'adultère avec elles.
تفسير الرازي
وكان في الجاهلية تخرج الحرة والأمة مكشوفات يتبعهن الزناة وتقع التهم، فأمر الله الحرائر بالتجلبب
وقوله: { ذٰلِكَ أَدْنَىٰ أَن يُعْرَفْنَ فَلاَ يُؤْذَيْنَ } قيل يعرفن أنهن حرائر فلا يتبعن ويمكن أن يقال المراد يعرفن أنهن لا يزنين لأن من تستر وجهها مع أنه ليس بعورة لا يطمع فيها أنها تكشف عورتها فيعرفن أنهن مستورات لا يمكن طلب الزنا منهن
Tafsir al-Qurtubi (1214 -1273)
Avant la révélation de ce verset, les croyantes avaient l'habitude de sortir pour aller faire leurs besoins, et des personnes immorales, pensant qu'elles étaient des esclaves, l'attaquaient, alors elles lui criaient dessus et ils s'en allaient. Et le verset fut révélé à cause de cela.
Les gens ont divergé sur comment rabattre le jilbab, Ibn Abbas et Ubaidah Al-Salmani ont dit : La femme se couvre avec jusqu'à ne laisser apparaître qu'un seul œil pour voir avec. Ibn Abbas et Qatadah ont également dit : C'est lorsqu’elle le tord sur le front et le serre, puis le plie sur le nez, même si ses yeux apparaissent, mais il couvre la poitrine et la majeure partie du visage. Al-Hassan a déclaré: Elle couvre la moitié de son visage.
Omar (Ibn al-Khattab), que Dieu soit satisfait de lui, a dit : Qu'est-ce qui empêche la femme musulmane, si elle a besoin d'aller faire ses besoins, de le faire en cachette, afin que personne ne le sache jusqu'à ce qu'elle revienne à sa maison?
La parole du Très-Haut : "Cela est le moindre pour qu'elles soient reconnues" c'est-à-dire des femmes libres, afin qu'elles ne soient pas confuses avec des femmes esclaves. Et ainsi elles seront reconnues et cesseront les agressions et les convoitises de par leurs rangs de "libre". Cela ne signifie pas qu'une femme doit être identifiée et qu'on sache qui elle est.
Et Omar, que Dieu soit satisfait de lui, s'il voyait une esclave voilée, il la battait avec son bâton, pour préserver le vêtement des femmes libres.
تفسير القرطبي
لما كانت عادة العربيات التبذّل، وكنّ يكشفْن وجوههنّ كما يفعل الإماء، وكان ذلك داعية إلى نظر الرجال إليهن، وتشعب الفكرة فيهن، أمر الله رسوله صلى الله عليه وسلم أن يأمرهن بإرخاء الجلابيب عليهن إذا أردن الخروج إلى حوائجهن، وكنّ يتبرّزن في الصحراء قبل أن تتخذ الكُنُف ـ فيقع الفرق بينهن وبين الإماء، فتُعرف الحرائر بسترهن، فيكُفّ عن معارضتهن من كان عذَبا أو شابًّا
وكانت المرأة من نساء المؤمنين قبل نزول هذه الآية تتبرّز للحاجة فيتعرضّ لها بعض الفجار يظن أنها أَمَة، فتصيح به فيذهب، فشكوا ذلك إلى النبيّ صلى الله عليه وسلم. ونزلت الآية بسبب ذلك
الرابعة: واختلف الناس في صورة إرخائه فقال ابن عباس وعَبيدة السَّلْمانيّ: ذلك أن تلوِيه المرأة حتى لا يظهر
منها إلا عين واحدة تُبصر بها. وقال ابن عباس أيضاً وقتادة: ذلك أن تلويه فوق الجبين وتشدّه، ثم تعطِفه على الأنف، وإن ظهرت عيناها لكنه يستر الصدر ومعظم الوجه. وقال الحسن: تغطّي نصف وجهها
وقال عمر رضي الله عنه: ما يمنع المرأة المسلمة إذا كانت لها حاجة أن تخرج في أطمارها أو أطمار جارتها مستخفية، لا يعلم بها أحد حتى ترجع إلى بيتها
السادسة: قوله تعالى: { ذٰلِكَ أَدْنَىٰ أَن يُعْرَفْنَ } أي الحرائر، حتى لا يختلطن بالإماء، فإذا عُرفن لم يقابلن بأدنى من المعارضة مراقبة لرتبة الحرّية، فتنقطع الأطماع عنهن. وليس المعنى أن تُعرف المرأة حتى تُعلم من هي
وكان عمر رضي الله عنه إذا رأى أمَة قد تقنعت ضربها بالدرّة، محافظة على زيّ الحرائر
Tasfir Ibn Kathir (1301 - 1373)
Ali Ibn Abi Talha a dit d'après Ibn Abbas, Dieu a ordonné aux femmes des croyants, si elles sortent de chez elles pour leurs besoins, de se couvrir le visage par-dessus de la tête avec leur jilbabs et de ne montrer qu'un œil.
Et Muhammad bin Sirin a dit: «J'ai interrogé Ubaidah Al-Salmani sur la parole de Dieu tout-puissant "rabattre leurs jilbabs sur elles" alors il a couvert son visage et sa tête et a exposé son œil gauche.
Et Ikrimah a dit qu'elle couvre l'espace de son cou avec en rabattant son jilbab [...] Oum Salama, de sa part, a dit: «Lorsque ce verset fut révélé, les femmes Ansariennes sortirent de chez elles telles de corbeaux à cause de leur jilbab qu’elles portaient sur leurs têtes».
As-Souddy a dit: «Parmi les pervers de Médine, il y avait des hommes qui sortaient la nuit une fois l’obscurité enveloppant la ville, pour se montrer devant les habitantes de Médine. Comme les sentes de cette ville sont étroites, les femmes de Médine sortaient pour satisfaire leur besoin, et étaient contraintes à le faire dans des lieux proches. Ces pervers les guettaient, et quand ils apercevaient des femmes qui portaient des jilbabs, ils savaient qu’elles sont des femmes libres de condition et les laissaient. Quant à l’esclave qui ne portait pas le jilbab, ils l’attaquaient»
تفسير ابن كثير
يقول تعالى آمراً رسوله صلى الله عليه وسلم تسليماً أن يأمر النساء المؤمنات ــــ خاصة أزواجه وبناته لشرفهن ــــ بأن يدنين عليهن من جلابيبهن ليتميزن عن سمات نساء الجاهلية وسمات الإماء، والجلباب هو الرداء فوق الخمار، قاله ابن مسعود وعبيدة وقتادة والحسن البصري وسعيد بن جبير وإبراهيم النخعي وعطاء الخراساني وغير واحد، وهو بمنزلة الإزار اليوم.
قال علي بن أبي طلحة عن ابن عباس أمر الله نساء المؤمنين إذا خرجن من بيوتهن في حاجة أن يغطين وجوههن من فوق رؤوسهن بالجلابيب، ويبدين عيناً واحدة
وقال محمد بن سيرين سألت عبيدة السلماني عن قول الله عز وجل { يُدْنِينَ عَلَيْهِنَّ مِن جَلَـٰبِيبِهِنَّ } فغطى وجهه ورأسه، وأبرز عينه اليسرى
وقال عكرمة تغطي ثغرة نحرها بجلبابها تدنيه عليها. وقال ابن أبي حاتم حدثنا أبو عبد الله الظهراني فيما كتب إليّ، حدثنا عبد الرزاق، أخبرنا معمر عن ابن خثيم عن صفية بنت شيبة عن أم سلمة قالت لما نزلت هذه الآية { يُدْنِينَ عَلَيْهِنَّ مِن جَلَـٰبِيبِهِنَّ } خرج نساء الأنصار كأن على رؤوسهن الغربان من السكينة، وعليهن أكسية سود يلبسنها
قال السدي في قوله تعالى { يٰأَيُّهَا ٱلنَّبِيُّ قُل لأَزْوَاجِكَ وَبَنَاتِكَ وَنِسَآءِ ٱلْمُؤْمِنِينَ يُدْنِينَ عَلَيْهِنَّ مِن جَلاَبِيبِهِنَّ ذٰلِكَ أَدْنَىٰ أَن يُعْرَفْنَ فَلاَ يُؤْذَيْنَ } قال كان ناس من فساق أهل المدينة يخرجون بالليل حين يختلظ الظلام إلى طرق المدينة يتعرضون للنساء، وكانت مساكن أهل المدينة ضيقة، فإذا كان الليل، خرج النساء إلى الطرق يقضين حاجتهن، فكان أولئك الفساق يبتغون ذلك منهن، فإذا رأوا المرأة عليها جلباب، قالوا هذه حرة، فكفوا عنها، وإذا رأوا المرأة ليس عليها جلباب، قالوا هذه أمة، فوثبوا عليها،
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